jeudi 1 août 2013

"Par qui on commence ?"

J'écris ce récit au fur et à mesure. Il est parti pour être long, je crois. On verra bien.



Etienne et moi nous connaissons depuis quelques mois seulement et nous sommes vus plusieurs fois pour des après-midi pendant lesquelles les fessées ont plu, les discussions ont duré, et les câlins, en toute amitié, se sont enchaînés. Etienne et moi ne sommes pas amants, car nous avons occulté cet aspect-là de notre histoire.

Philippe et Léa, quant à eux, sont complices depuis quelques années. A vrai dire, je ne connais pas les détails privés de leur relation, et cela ne me regarde finalement pas, puisque pendant les deux jours que nous avons passés tous les quatre ensemble, la question de la sexualité entre eux ne s'est pas posée ou montrée. 

Etienne et Philippe se sont rencontrés par internet, une amitié virtuelle comme on en voit quelques fois, qui aboutissent sur une rencontre, puis une autre, jusqu'à ce que l'amitié devienne réelle et solide, même. Etienne a 53 ans, sculpteur. Il habite près de Lille avec ses trois enfants et son épouse. Philippe est proche de la soixante-dizaine. Je ne sais pas quel métier il fait mais il a un appartement très grand et très beau au centre de Bruges. Il vit seul avec son chat Maurice (salut Maurice !). 

Léa a 36 ans, je crois. Elle est journaliste, si mes souvenirs sont bons, mais elle a fait plusieurs métiers alors je ne m'en souviens plus bien. Je ne sais pas avec qui elle vit, dans son appartement de la banlieue parisienne, mais je sais que c'est une femme adorable et cela me suffit pour l'instant. Et moi ... moi je suis la plus petite de ce petit monde. 24 ans, étudiante en sciences à Lyon. J'habite toute seule, sans chat, sans Maurice à moi, mais ça ne me dérange pas. Et puis, je n'ai pas assez d'argent pour acheter des croquettes. Passons.

Logiquement, le prochain paragraphe devrait être "Léa et moi nous sommes rencontrées ...". 

En fait, nous nous sommes rencontrées à Bruges un samedi à onze heures précises, chacune accompagnée de son fesseur, ami, complice. Ce samedi-là, du moment où je vis arriver au café où j'étais attablée avec mon Etienne une femme en robe à pois, cheveux noirs, avec des formes très jolies et un sourire aux lèvres, tenant par le bras un homme aux cheveux poivre et sel, qui semblait sorti d'une autre époque, avec sa pochette en cuir sous le bras et son élégance, ce samedi-là, disais-je, vaut la peine d'être raconté, tout comme le dimanche qui le suivit directement, jusqu'au soir où je remontai dans la voiture d'Etienne, un sourire aux lèvres, des picotements dans l'arrière-train et de la confiture dans ma valise (celle de Philippe est excellente, surtout la confiture de citron vert, et il en a des bocaux plein la cuisine). 

Commençons par le début. Je risque de perdre des lecteurs en route avec mon souci du détail. Mais il est important d'installer un contexte, pour que les images qui se créent dans leurs têtes soient au plus proches de celles que je vois en écrivant. Voici les choses telles que nous les avions prévues : Philippe et Etienne se faisant confiance l'un et l'autre, ils avaient proposé à leur compagnonne de jeu respective d'être corrigée devant témoins, voire par des mains différentes de celles qu'elles connaissaient déjà ; c'est-à-dire qu'ils voulaient qu'on passe de deux à quatre. 

Devant notre enthousiasme, il avait donc été décidé de se rencontrer autour d'un verre dans la ville de Philippe, pour voir comment le courant passait et ensuite laisser du temps aux "couples" de se préparer pour se rencontrer à nouveau dans l'après-mid, pour de bon. Etienne et moi avions réservé une chambre d'hôtel au cas-où, mais autrement il était prévu, si tout se passait bien, que l'on dorme chez Philippe. 

La rencontre, dans le café, fut fantastique. Pas d'allusions lourdingues à la fessée, mais une façon d'en parler très simple, pour connaître notre fonctionnement mutuel. Carnet de punition pour toutes les deux, règles établies entre notre fesseur respectif et nous, instruments utilisés (main et ceinture le plus souvent, cravache pour les fautes graves).

Certaines règles furent fixées ensemble : on ne serait pas attachées, notre mot de passe à tous serait "Fraise des Bois" et on devrait se farcir de toutes façons une belote le soir, avec ou sans fessées distribuées dans l'après-midi ("Et pas question d'utiliser le mot de passe pour y échapper !", cru bon d'ajouter Philippe à l'origine de cette idée merveilleuse). Tout concordait pour que la rencontre se passe bien. Etienne invita les cafés et chaque duo partit pour se retrouver ensuite à 14h30 chez Philippe.

- Alors, comment tu le sens ?, me demanda Etienne alors que nous marchions tranquillement. - J'ai un peu le trac mais je crois que ça va être très excitant, je flippe et j'ai envie en même temps, lui répondis-je. Et toi ?

- Je crois que ça va être très bien, oui. Etre fessée devant d'autres personnes, ça va être très fort pour toi, et pour moi aussi d'ailleurs, mais tu vas aussi assister à une fessée en vraie, ce qui sera très troublant aussi, je pense ...

- Oui, ça j'en ai envie, lui dis-je les yeux brillants.

- Te retrouver les fesses à l'air sur mes genoux devants des inconnus t'en as envie aussi, n'est-ce pas ?

- ...

- N'est-ce pas ? me dit-il en me prenant le menton.

- Euh oui Etienne, mais c'est pas des inconnus, je viens de leur parler pendant une heure, répondis-je honteusement.

- Ils n'ont jamais vu tes fesses, il me semble. Et, au lieu de répliquer, tu pourrais me dire que t'en as envie, tout simplement, au lieu de tourner autour du pot.

- Ben j'en ai envie, sinon je serais pas là, dis-je en levant les yeux au ciel.

- Tu changes de ton si tu ne veux pas qu'ils découvrent des fesses déjà rougies par une fessée avant le rendez-vous.


Mais quel rabat-joie. J'ai envie de râler mais je n'ai pas envie d'une fessée tout de suite. J'ai besoin d'un temps calme avec lui avant que les choses ne deviennent plus intensives et fortes.

- Oui, t'inquiètes, lui dis-je avec un sourire. Ca te dit de prendre des frites et d'aller les manger dans un parc ? Il y en a un pas loin, t'as vu ?

- Oui, ma puce, me répondit-il en me prenant par l'épaule.


* * *

14h25. 
Nous sommes devant l'appartement, en bas.

- Bon, t'es prête ? me dit-il.

- Oui, et toi ? dis-je avec un air de défi mal assuré.
- Je suis toujours prêt à corriger des gamines, moi, dit-il en riant.


Ca le fait rire. Ah, les hommes. Moi je fais moins la fière. Je ne savais pas comment m'habiller alors j'ai opté pour un jean et un débardeur bleu, avec des baskets de ville. Enfin des Converse quoi. 


14h27.Ce qu'il y a de bien avec les jeans c'est que c'est moins facile à baisser qu'une simple robe qui se soulève rapidement.

14h28. Est-ce que Léa porte une culotte sous sa jolie robe ?

14h29. Pourquoi je me demande des trucs pareils, moi ?

14h30. 
Il sonne. On ouvre. Etienne me pousse devant lui avec un sourire.

- Ben change de tête, on dirait que tu vas te faire enterrer !, me dit-il en riant.

Ah ben oui, c'est super marrant.


On arrive au quatrième étage (sans ascenseur ; je ne râle pas, ce n'est pas le moment). Philippe nous ouvre, avec un grand sourire.


- Entrez, entrez ! Faites comme chez vous ! Ah, Claire, dit-il en s'adressant à moi, tu peux enlever tes chaussures et les poser à côté de l'entrée. Etienne, tu les gardes comme moi, je suppose ?

- Bien sûr, Philippe, dit-il en s'amusant de cette différenciation des rôles qui commence dès le passage de la porte.   

Au fond du couloir, nous apercevons Léa, pieds nus, qui s'avance vers nous.

                                          photo : La Branlitude des Choses