jeudi 31 juillet 2014

On the road

Chers lecteurs

Vous allez trouver à la suite de ce minuscule prélude non pas un mais deux récits. Le premier est de moi, le second d'un garçon qui a souhaité écrire la version masculine du mien après l'avoir lu, c'est-à-dire la même scène vue des yeux de l'autre personnage. Les images ont été choisies par nous deux.

Bonne lecture !

Voici ma version :

Le long d'un voie ferrée désaffectée, ils se promènent, silencieusement. Lui, parfaitement bien habillé, élégant, marche en regardant droit devant lui. 

Il tient une laisse dans sa main.

A sa gauche, au bout de la laisse, simplement vêtue d'une robe d'été très légère, elle porte un collier autour du coup. A quatre pattes. Malgré les pierres qui lui griffent les genoux et les mains, la demoiselle s'obstine à rester le plus digne possible, sa tête fixant l'horizon et les mètres à parcourir avant que le jeune homme ne se lasse de cette promenade. 

De temps en temps, il lui lance une phrase pour l'humilier, l'aider à faire sortir toute pudeur et fierté de son être.

- Tu veux pisser ?

Elle ne répond pas et continue à regarder devant elle. Surtout, éviter les bouts de verre. Il ne faudrait pas se blesser. Les cailloux sont un peu coupants, mais ne l'égratigdnent pas trop - ça serait du sadisme !

- Je te parle, tu veux pisser ?, dit-il en donnant un coup de cravache sur les cuisses de son amie.

Elle serre les dents sans gémir.

- Non, pas envie.

Ils continuent à marcher.

- Menteuse. Remonte ta robe sur tes reins. 

Elle s'exécute. Le vent lui rafraîchit les fesses, s'insère dans ses orifices bouillonnants. Elle aime bien.

- Je veux que tu pisses maintenant.

Elle le regarde. Il est si sûr malgré sa jeunesse. C'en est presque intimidant. 

- T'es sûr ? Ca va couler partout et puis j'ai pas de pap...

Un coup de cravache met fin à ses courtes lamentations.

- Tais-toi et pisse. Ecarte les jambes. Dépêche-toi, la nuit commence à tomber.

Elle obéit. Il ne gagnera pas. Elle va pisser fort, pour le dégoûter de ses propres envies. 

- Ca te fait marrer de t'éclabousser ? Tiens, tu vas rester le cul à l'air pour te sécher. Et avance un peu, dit-il une fois la besogne naturelle accomplie.

Très docile, elle marche, se griffe encore, attendant la prochaine idée de son complice.

Les minutes passent. 

Il s'arrête soudain, se met à genoux devant elle et lui caresse un peu le visage. Ses longs cheveux sont décoiffés et tombent sur ses épaules.

- Est-ce que ça va ?, demande-t-il doucement.

- Moi très bien, et toi ?, lui répond-elle avec des yeux rieurs et le même ton très doux. Comme une confidence.

Il rit. 

- Petite maligne. Tu as froid ? Tu veux rentrer ou on continue ?

Son regard à elle devient plus grave. Elle fait ces yeux-là qui disent "Ne t'arrête pas tout de suite, j'ai besoin de plus."

- On continue.

Il redevient très sérieux. La gifle. 

- Comment tu me réponds ?!

- On continue, si tu veux bien, fait-elle, docile et sage.

- C'est bien, dit-il en se relevant.

Ils marchent encore un peu, savourant leur liberté, leur folie qu'ils s'acharnent à comprendre, aimant cette solitude à deux. 

Elle a marché sur un bout de verre. Son genou saigne, il la rhabille, la prends dans ses bras, et ils rentrent avant que le froid ne dérange leurs jeux intimes. 

* * *

Sa toute petite blessure est soignée tendrement. Il prend soin d'elle. Il la regarde, maintenant, et ses yeux lui répondent. Il a compris.

- Tu ne pouvais pas faire attention ! Lève-toi tout de suite.

Debout devant lui, dans sa robe toute sale, elle le fixe, presque violemment, mais la confiance se lit dans ses yeux.

- Je devrais te remettre la laisse et te laisser dormir au pied de mon lit. 

Bien sûr, il ne le fera pas. Mais cette menace les excite tous les deux.

- A cause de ta maladresse, je n'ai pas eu le temps de t'emmener où je voulais. Ca t'aurait plu.

- C'était où ?, fait-elle avec une voix de gamine déçue.

Il sourit. On croirait deux enfants qui jouent aux grands. 

- Une belle fontaine, avec de l'eau fraîche, dans un coin tranquille et isolé. Je t'aurais lavée et tu serais propre à l'heure qu'il est.

Elle se renfrogne. Même son visage est un peu sale.

- Tant pis pour toi, dit-il en se lavant.

- Attends !, fait-elle en attrapant son bras.

Il s'arrête et l'observe.

- Tu veux me demander quelque chose ?

Elle rougit. Il aime ça, évidemment.

- Tu peux me laver, s'il-te-plaît ?

Un ange passe.

- Oui. Il ne faudrait pas que tu salisses mon lit quand je te ferai l'amour.

Il lui prend la main et l'emmène à la douche.


Voici celle du garçon :

Je lui ai seulement dit qu’on allait faire un peu d’exploration urbaine. Elle sait qu’aujourd’hui, je guide : elle n’a qu’à s’abandonner et entrer dans le jeu, elle ne décidera de rien. Je suis fier d’elle, et de sa confiance.
On descend sur la vieille voie de chemin de fer abandonnée, il n’y a personne, juste nous et les rails érodés qui se perdent dans un tunnel, plus loin. Elle a enlevé sa culotte, son soutien-gorge.
- Enlève tes Converses aussi
Elle me regarde d’un air interrogateur, un petit sourire en gondole sur les lèvres et obéit. Il ne lui reste pour tout vêtement qu’une petite robe d’été en coton, légère et courte. Je lui passe un collier fin en cuir, avec une petite boucle argentée, à laquelle je fixe la laisse. J’entends sa respiration accélérer, ses seins qui soulèvent régulièrement le haut de la robe. Ils pointent. Le jeu a commencé.
- Mets-toi à quatre pattes, et suis-moi.
Elle tombe à mes pieds, attentive. Mon excitation commence à poindre, et déforme mon pantalon. Cette inégalité de condition entre nous me trouble : elle est pratiquement nue, à genoux dans les cailloux, pieds nus, leur jolie plante offerte au ciel, alors que je suis solidement chaussé et bien couvert.
On marche quelques minutes, je la vois qui peine, qui se salit, qui se laisse griffer aux genoux par les pierres, érafler par le bois de la voie ferrée. Elle est concentrée : il lui faut échapper aux bouts de verre épars, et par dessus tout je suis touché de ce qu’elle essaye de conserver une attitude aussi digne que sa position le permet. Elle reste bien cambrée, les joues rouges et les lèvres pincées.
- Tu es une bonne chienne, tu sais ?
Elle se tait. Je cueille une petite badine à un arbuste, fine et souple. Je lui cingle les cuisses.
- Réponds quand je te parle. 


- Oui, je sais.

- Pardon ?

- Je suis une bonne chienne. Ta bonne chienne, ajoute-t-elle, les yeux rieurs. 

- Tu n’es pas totalement rétive au dressage, c’est bien. 

- …


Elle a honte. Je lui intime d’écarter les jambes et passe ma main entre ses cuisses. Elle ruisselle.
- Une petite chienne en chaleur, en plus !

Est-ce qu’elle va finir par protester ? Je la pousse dans les retranchements de sa fierté. Mais non, elle baisse la tête, rougit. Elle s’humilie complètement. Je reprends ma marche, un peu plus vite, elle peine à suivre. Je lui fouette le cul régulièrement, presque négligemment ; elle gémit mais ne s’arrête pas, elle n’esquisse pas un geste pour se protéger de mes coups.
- Tu veux pisser ?
Elle continue à marcher, imperturbable, concentrée.
- Je t’ai posé une question : tu veux pisser ? J’accompagne ma question d’un coup sec, et je laisse flotter ma badine sur son postérieur qui se tend vers elle. 

- Pas envie.

Je résiste à l’envie de la punir tout de suite, j’ai une meilleure idée. Je la traîne à ma suite sur quelques mètres, et l’attire devant un petit buisson d’herbes sauvages.
- Menteuse, remonte ta robe sur tes reins.
Elle s’exécute en silence, reste à quatre patte, les fesses à l’air, avec le vent qui doit lui chatouiller le sexe, que je devine très sensible. Elle sourit.
- Tu vas aller contre les herbes, là, lever une patte, et pisser. Maintenant.
Là elle lève les yeux vers moi, timide, intimidée presque. Je n’esquisse pas un geste. Elle a intérêt à faire ce que je dis. Elle dit :
- T'es sûr ? Ça va couler partout et puis j'ai pas de pap...
Je lui cingle les cuisses. Elle se tait, accuse le coup. Elle a une jolie trace rouge qui fleurit, juste sous les fesses.
- Tais-toi et pisse. Dépêche-toi, la nuit commence à tomber.
Elle obéit, presque l’air bravache. Je vois ses lèvres qui s’ouvrent comme elle écarte les jambes et le liquide doré qui commence à couler et lui éclabousse les cuisses. Je ne l’ai pas prévenue que le buisson est essentiellement composé d’orties et je la vois qui sursaute sous la brûlure des poils urticants. Je rigole silencieusement. Évidemment elle ne me fera aucune remontrance, elle tâche encore de rester digne, même si de dignité, il ne lui reste pas grand chose, à moitié nue, sale et souillée comme elle est.
Elle finit sa miction et je reprends ma marche en lui ordonnant de rester les fesses à l’air, pour qu’elle sèche. Elle reste docile, ses hanches se balançant au rythme de la marche, les fesses tendues, son petit trou bien en évidence. Elle mérite un peu de réconfort. Je fais une pause, lui caresse la joue. Je me fais un peu doux et je lui souris :
- Est-ce que ça va ? 


- Moi, très bien. Et toi ? 

Elle m’a instinctivement répondu à voix basse, presque en chuchotant. Elle a l’air contente et excitée, les yeux brillants.

Je pars d’un rire bref.
- Petite maligne. Tu as froid ? Tu veux rentrer ou on continue ?

- On continue.


Le sourire s’est effacé, elle me regarde avec ses yeux déterminés, graves, avec un soupçon d’inquiétude au fond, inquiétude que le jeu s’arrête.
Je lui décoche une gifle. Elle ne s’y attendait pas.
- Comment tu me réponds ? 


- On continue, s’il te plaît ?


Le tout avec un air contrit qui pourrait presque m’attendrir, la joue chiffonnée.
- Bien.
Je me relève. Elle me suit, on continue à marcher. Je lui fais ôter complètement sa robe qu’elle prend dans ses dents. La vision de cette fille parfaitement nue sur les rails m’excite au plus au point. Je tire parfois de petits coups sur la laisse. Elle se coupe un petit peu sur un bout de verre, au genou. Ça saigne un peu. Je la rhabille et on rentre, elle commence à frissonner dans mes bras. Dans le métro, je vérifie son intimité, elle est toujours humide. Elle écarte naturellement les jambes, mais j’ôte ma main : pas maintenant.
A la maison, je soigne sa petite blessure avec attention, elle me laisse faire, fatiguée. Elle me jette un regard. 
Je comprends.
- Tu pouvais pas faire attention, idiote ? Lève-toi.
Elle saute sur ses pieds, me fixe droit dans les yeux. Je continue :
- Tu mériterais de dormir par terre, au pied du lit et attachée.
Je lis son excitation, c’est une menace en l’air évidemment.
- A cause de ta bêtise, je n'ai pas eu le temps de t'emmener où je voulais. Ça t'aurait plu pourtant. 


- C'était où ? elle prend ce ton peiné de petite fille.

- Une fontaine, je t’aurais lavée, tu es vraiment sale.


Elle est vraiment déçue, et elle reste là debout, dans sa robe toute tâchée de trainées de terre, ses jambes encore sales de l’urine séchée, son visage barbouillé.
- Tant pis pour toi, tu restes comme ça.
Je commence à sortir de la pièce, j’ai bien envie d’une douche bien chaude, moi, d’ailleurs…
- Attends ! elle attrape mon bras.
Je la regarde avec un petit sourire malin, je vais la faire gamberger.
- Tu veux me demander quelque chose ?
Elle rougit, évidemment, danse d’un pied sur l’autre et se jette à l’eau. Je savoure le moment.
- Tu peux me laver, s'il-te-plaît ?
Je laisse un temps, fais mine de réfléchir.
- Oui. Il ne faudrait pas que tu salisses mon lit quand je te ferai l'amour après tout.
Et je l’entraine vers la douche, retrousse mes manches, la déshabille, lui intime d’écarter les jambes, de mettre ses mains sur sa tête, et je commence à la laver sous le jet d’eau froide.
 Elle porte de jolies trainées rouges sur les fesses, mais celles-là, elle ne partent pas à l’eau.

mardi 22 juillet 2014

Un petit pas dans le sable.

Ces quelques années passées à fréquenter divers corps humains de toutes les formes et de toutes les couleurs m'amènent à reconsidérer certaines fausses idées qu'une adolescence complexée par les changements m'a malheureusement fait intégrer. 

Je déloge tout cela à mesure que j'avance et je m'interroge sur cette enveloppe de chair qui m'entoure et sur ce que je veux en faire. 

De quelle façon je souhaite la traiter. 

Il m'apparaît de plus en plus clair que toute modification apportée volontairement à notre corps devrait se faire sans violence - cela n'engage que moi. Chacun mettra ce qui le touche derrière ce mot. Cette peau qui nous colle, cette protection, est une chose précieuse.

Je prends donc la décision, aujourd'hui, de ramener mon corps à la sérénité. Prendre soin de chaque bout de chair, accepter les cicatrices, les surplus, les pas assez, les trucs qui dépassent, les cheveux qui rebiquent, les ongles rongés à réparer, améliorer ma relation à ce corps, le faire courir, le nourrir de plein de bonnes choses, acides, amères, douces, gorgées de vie, le rendre fort et me réconcilier avec lui.

Bien entendu, je permets à mon esprit de garder et de développer toutes les folies et pulsions dont je le sais capable.

Il faut bien vivre, non ?


mercredi 2 juillet 2014

Nouveau souffle


Ce matin - enfin à 14h30 du matin-, je me suis réveillée en me sentant pleinement, complètement, absolument, entièrement, totalement libre.

Liberté
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.


Paul Eluard, Au rendez-vous allemand, 1945, Les Editions de Minuit