vendredi 30 août 2013

"Jeux Interdits"




Il m'avait dit qu'une de ses connaissances arrivait d'Allemagne pour les vacances. Qu'elle avait été un temps son amante mais que ça n'avait pas duré, et qu'ils étaient maintenant de bons amis. Il avait une grande confiance en elle et il voulait que je la rencontre. 

Il m'avait présenté cela tel quel, suscitant mille interrogations dans ma tête surprise.

- Mais tu l'aimes encore ?, lui avais-je demandé, inquiète, la première fois qu'il m'avait parlé d'elle.

- Mais non, enfin, idiote !, m'avait-il répondu en riant et en m'embrassant sur le front.

Je dus lui tirer pendant quelques temps les vers du nez pour comprendre enfin pourquoi il voulait tant que je rencontre cette femme, qu'il avait aimée, en plus ! 

Je ne pouvais être jalouse de cet homme qui ne m'appartenait pas mais, durant nos jeux, j'aimais être la seule à occuper cette place. Il le savait et s'en amusait d'ailleurs souvent.

Après de longues discussions, il m'avoua à demi-mot qu'il comptait peut-être mettre lui proposer quelque chose qui me plairait sûrement aussi.

- Lui proposer quoi ? De quoi tu parles ?, lui dis-je vivement.

- Quelque chose dont on a déjà parlé quelques fois et qui pourrait peut-être avoir enfin lieu, me répondit-il mystérieusement.

Je n'aimais pas rester sans savoir et j'entrepris de lui faire comprendre que je me fichais de cette proposition et que je ne me sentais pas concernée. Ce serait à qui craquerait le premier. Ce fut évidemment moi.

- Bon alors, c'était quoi cette proposition ?, lui dis-je en revenant à la charge quelques heures plus tard.

- Tiens, je croyais que tu t'en fichais … Je lui ai dit non, du coup, me dit-il avec détachement.

- Mais arrête, là, c'est pas drôle, tu voulais lui parler de quoi ?, répondis-je avec insistance.

Il ferma son livre, retira ses lunettes de son nez, posa le tout sur la table basse de mon appartement et me regarda.

- Il y a quelques temps, tu m'avais parlé de quelque chose que tu n'avais jamais réalisé mais qui te tentait, tu t'en souviens ?

- Etre attachée pendant la fessée ?, lui dis-je. 

- Non, pas ça, encore autre chose. Quelque chose de beaucoup plus honteux.

J'étais tellement ailleurs que je n'avais pas tout de suite capté le message.

- Ah ! Etre punie devant quelqu'un ?, dis-je vivement.

- Devant et par quelqu'un … non ?, m'interrogea-t-il en me regardant de près.

- Euh … oui, mais tu penses qu'elle conviendrait ?, lui demandai-je.

- Avant de lui demander à elle, je voudrais que tu me dises exactement comment tu voudrais que ça se passe, de quelle façon tu imagines ça, ce que tu voudrais vivre.

Je restai pensive quelques instants. Ce fantasme m'agitait depuis quelques semaines seulement. L'idée d'être punie devant quelqu'un, et devant une femme, surtout, me procurait une honte délicieuse. 

Celle d'être punie par une autre main que celle auxquelles mes fesses étaient habituées donnait encore une dimension différente à cette envie, plus forte, plus vibrante.

Mais je ne m'étais jamais trop interrogée sur la manière dont j'aurais voulu que cela se passe si une tierce personne entrait dans nos jeux pendant un petit moment. 

Plusieurs choses se mélangeaient ; je ressentais l'envie d'être vue pendant une fessée, mais en même temps, je voulais garder ce cocon que j'avais créé avec Lui, où je me sentais en sécurité, même tête en bas, fesses à l'air et culotte aux chevilles, sur ses genoux. 

Ce cocon où l'on n'avait jamais eu besoin de se donner de mot de passe mais où un mot, un sourire, un regard ou un geste pouvaient nous indiquer mutuellement dans quel état nous nous trouvions l'un et l'autre, si l'un de nous avait besoin de « respirer », comme on disait.

Avec elle, il y aurait sûrement besoin d'un mot de passe. De quelque chose d'un peu plus défini pour que chacun trouve sa place. Les punitions personnelles, entre Lui et moi, auraient-elles leur place dans un jeu à trois ? 

Faudrait-il redéfinir des règles un peu différentes ou devrais-je respecter celles que nous avions mis deux ans et demi à construire ensemble pour parfaire le jeu et rendre encore plus vivants nos moments à deux ?

- Je crois que j'ai envie de plusieurs choses, dis-je enfin. J'ai envie que tu me punisses devant elle, de ressentir la honte qu'une femme me voie recevoir une bonne fessée sur tes genoux, que tu me grondes devant elle. Mais en même temps, j'ai envie qu'elle me punisse elle, à sa manière. Par contre, je ne voudrais pas qu'elle utilise des instruments différents de ceux qu'on utilise déjà. Une expérience à la fois, c'est déjà bien.

Nous utilisions uniquement la brosse et le martinet, et nous avions pris le temps de les introduire doucement dans nos jeux, en y allant progressivement – sans que je sois toutefois épargnée. 

Je ne voulais donc pas précipiter trop de choses et je ne voulais pas voir débarquer cette dame, si elle acceptait de se joindre à nous, avec des ceintures cloutées et des fouets de deux mètres de long.

Je lui demandai ce qu'il en pensait. Il me répondit que c'était mon avis à moi qui l'intéressait, et que de toutes façons nous étions tellement proches dans nos envies qu'il ne ferait quasiment que répéter mes mots. 

Je râlai un peu pour la forme, parce que j'aimais quand il se livrait et qu'il me racontait, avec les détails dont il avait le secret, les fantasmes que je lui inspirais et qu'il ne manquait généralement pas de me faire vivre peu de temps après.

Il m'annonça ensuite que nous verrions cette dame le lendemain, et que j'avais intérêt à me montrer polie et à ne pas jouer à faire l'imbécile, selon ses propres mots, ou ça chaufferait à notre retour. 

Connaissant ses avertissements par cœur, je lui répondis un vague « Oui, oui ... » avant d'aller me coucher.

Et si elle disait oui ?

(A suivre) 


photos : rebloggées à l'infini sur divers tumblr ...