lundi 28 octobre 2013

"Une histoire de chaleur"

Elles en avaient envie depuis longtemps. De passer un moment ensemble, pour se connaître "physiquement", se parler, se voir. 

Rien de vraiment prévu à l'avance, pas de choses à accomplir absolument, juste une étape de plus dans leur relation naissante.

Il fut convenu que la plus jeune ferait le voyage pour rendre visite à son aînée. La distance en train était plutôt longue, mais cela permettrait à chacune de se plonger pleinement dans l'histoire en se déconnectant un peu des soucis quotidiens. 

Dans leur fonctionnement, pas de carnet de punitions, pas de vêtements à porter définis avant, pas de codes spécifiques ... Juste une rencontre attendue des deux côtés. 

(...)

Elle descend du train, avec ses cheveux un peu ébouriffés par le voyage, son foulard enroulé cinq fois autour de son cou et son sac informe qui la déséquilibre un peu. Elle cherche du regard celle qui lui parle depuis quelques semaines, avec cette voix un peu magique qui ne la quitte pas. Elle sent une main sur son bras et se retourne. C'est elle.

(...)

- Alors, ça te fait bizarre ?, lui demande-t-elle en lui servant un jus d'orange.

- Un peu ... Mais ça va, en fait. Je vous imaginais moins grande, vous faites presque peur hein !

- Merci, j'apprécie !, répond-elle en riant. 

- 'fin vous voyez ce que je veux dire, dit-elle avec cet air un peu maladroit qu'elle n'arrive pas à éviter, parfois, quand elle lui parle.

- Oui, ne t'en fais pas ! 

Toujours avec cette même voix, légère et appuyée à la fois, elle lui fait visiter sa maison. Sa cuisine, sa belle salle de bain spacieuse, les chambres ... Elle s'interroge, et puis demande :

- Je vais dormir où, moi ?

Elle s'arrête et répond en souriant :

- Je savais que tu te posais la question ... On verra, d'accord ? On n'y est pas encore, il est seulement midi, tu as déjà sommeil ?!

Elle rient. Elle pose son gros sac dans le couloir et continue la visite.

Elles passent à côté du grand canapé noir devant la télévision.

- Tu vois, chuchote-t-elle à son oreille, c'est là que tu dormiras ce soir si tu ne te comportes pas bien ...


Un ange passe.

Et deux anges partent ensuite à la cuisine préparer une ratatouille pour le repas.

- Je t'avais promis des légumes, tu te souviens ?, dit-elle d'un air malicieux.

- Mince, j'avais oublié, je serais descendue une station de train plus tôt si j'avais su !

- Dis-donc toi ..., lui répond-elle avec son couteau pointu à la main.

- Oh mais je plaisante, voyons, et arrêtez, vous m'excitez à agiter votre couteau comme ça !

Elles rient. 

Elle se sent de plus en plus à l'aise et la conversation se fait plus gaie. 

Légumes coupés avec Amour, cuits, dressés, mangés.

Elles passent l'après-midi à discuter, de tout et de rien, et à se promener dans la nature. 

Le soir arrive. Après un bon dîner et une discussion autour d'un chocolat chaud, elles vont se coucher, dans le grand lit de la plus grande, et s'endorment côte à côte, tranquillement, non sans avoir parlé du lendemain. 

Il est décidé que Madame s'en ira assez tôt à cause d'un rendez-vous qu'elle n'a malheureusement pas pu déplacer, et qu'elle reviendra aux alentours d'onze heures et demi. Pendant ce temps, l'autre se lèvera à neuf heures trente maximum, et se mettra à travailler à dix heures, ses examens ayant lieu dans les semaines suivantes.

Le lendemain, doucement, la belle dame s'éveille, se lève et va se préparer. Elle part à 8h, après avoir embrassé sur le front la jeune fille qui dort comme un loir.

Elle l'appelle à neuf heures et demi pour la tirer du sommeil et vérifie au bruit des marches qu'elle descend bien prendre son petit déjeuner.


Elle raccroche. 

La demoiselle, encore à moitié somnolente, prépare son chocolat chaud et va s'installer dans le salon, s'enroule dans une couverture pour réchauffer ses petits petons et s'évade un peu ...

Elle est réveillée par la sonnerie violente de son portable. 

- Tu travailles ?

- Euh ... hein ?

- Je te demande si tu travailles ... Visiblement je te dérange ?

- Non non, il est quelle heure ?

- Onze heures et demi, je vais avoir un petit quart d'heure de retard. Apparemment j'ai bien fait d'appeler, tu n'es pas encore au lit j'espère. 

- Mais non, je suis descendue !

- Bien. Donc qu'étais-tu en train de faire ?

- Ben je buvais mon chocolat chaud là ...

- A cette heure-ci ? Tu sais qu'on va manger dans moins d'une heure ? Je t'ai dit quoi sur l'alimentation à n'importe-quelle heure ?

- Mais je ne grignote pas, c'est mon petit-déjeuner ...

Silence.

- Ton petit-déjeuner ? Dis-moi, tu as fait quoi jusqu'à maintenant ?

- ...

- Je t'écoute.

- Ben je suis descendue et je suis allée m'asseoir dans le canapé pour me réveiller ...

- Tu vas encore me sortir le coup du "je me suis assise pour réfléchir" ? Ne dis pas oui parce que ça va m'énerver encore plus, je te préviens.

- Mais non ! Rho ! J'avais juste froid !

- Tu baisses d'un ton immédiatement. C'est clair ?

- ... oui Madame.

- Bon. Tu es donc descendue et tu t'es rendormie dans le canapé, c'est ça ?

- Euh oui à peu près. 

- C'est oui ou c'est non, ne me prends pas pour une idiote, merci.

- Oui c'est bien ça ...

- Bon. Tu es habillée comment là ?


- Je suis en pyjama, mais je peux aller m'habiller si vous voulez, ajoute-t-elle précipitamment.

- Tais-toi. Tu vas aller te mettre au coin, à genoux et mains dans le dos et tu vas attendre que je revienne. 

- Dans quinze minutes ?! Mais c'est super long !

- Pardon ? Tu as quelque chose à redire ?

- ... non non, rien du tout.

- Bien. Tu files te mettre au coin tout de suite et on règlera ça dès que j'arrive. A tout de suite.

- A tout de suite.

Pauvre petite endormie ! Elle rétorquerait bien que le sommeil est la moitié de la santé, selon un proverbe français, mais elle n'est pas sûre que ça arrangerait quelque chose. 

Elle avale d'un trait le reste de sa boisson favorite, maintenant refroidie, et va se mettre en position dans le coin qu'elle trouve le plus attrayant. Un peu ensoleillé, mais discret par rapport aux fenêtres et assez bien placé pour qu'elle puisse avoir une vue sur la porte d'entrée. 

Les mains dans le dos là forcent à rester droite, même si elle se permet la liberté d'appuyer son front contre le mur pour une position plus confortable.

Ses genoux commencent à s'engourdir un peu. Elle remue mais garde les mains sagement dans son dos.

Cette femme a quelque chose d'envoûtant qui force un peu l'obéissance. Peut-être cette façon d'ordonner avec douceur et clarté, sans élever la voix. 


Ses genoux lui font un peu plus mal, maintenant. Elle se lèverait bien pour aller prendre un coussin et le placer en-dessous, mais elle n'est pas sûre d'en avoir l'autorisation.
Elle entend soudain la porte qui s'ouvre et est surprise. Déjà quinze minutes ? Elle ne les a pas vues passer. 

Elle observe la femme qui pénètre dans le salon d'un air de chien battu un peu forcé.

- Ne te retourne pas, ça ne fait que dix minutes que tu es là, il te reste cinq minutes. Nez au mur, dépêche-toi ! Et pas la peine de me regarder de cette façon, ajoute-t-elle, ou je te fais mettre les mains sur la tête. Et ça sera nettement plus désagréable.

Elle attends sagement, tandis que la dame s'active dans son dos à lancer le repas de midi et à ranger un peu.

Elle l'entend dire :

- Et ton petit-déjeuner dans le salon, c'est non aussi. Chez toi tu peux manger où ça te chante, mais ici tu suis mes règles. C'est clair, ça ?

- Ouaaaaais, dit-elle en soupirant.

- Excuse-moi ? Tu peux répéter ?

- J'ai dit : ouais. J'ai compris, c'est bon. 

- Ma puce, dit-elle doucement, tu commences à devenir très agaçante et ça va très mal se passer pour toi si tu continues comme ça. Je répète, c'est clair ?

- Mais OUI, bordel !

- D'accord. Si c'est ce que tu cherches ...

Elle se sent relevée par le bras et amenée rapidement jusqu'à la cuisine, le carrelage froid contre ses pieds nus. 

Madame lui attrape les deux bras et la force à la regarder. 

- Tu l'attends depuis quelques temps, celle-là, hein ? Eh bien tu vas la recevoir. 

Elle s'assoit sur une chaise en bois et la fait basculer sur ses jambes. Elle entreprend de baisser son pantalon de pyjama, unique protection à sa pudeur, tandis qu'une petite main défend tant bien que mal sa dignité en ne décollant pas de son jeune, et charnu, arrière-train. 

- Retire ta main tout de suite. Je ne le répète pas. 

Elles ne bougent pas.

- Je compte jusqu'à trois. 

Pas de mouvement.

- Un.

Rien.

- Deux.

Rien.

- Tr...

Elle retire sa main.

- C'est bien. 

Et elle commence instantanément. 
Méthodiquement. 
Pas très longtemps.

Juste une bonne volée pour remettre les idées en place.

Pour la prendre dans ses bras ensuite, longtemps, et la faire revenir tranquillement, sans se presser, contre elle ...

Quant à ce qu'elle se chuchotent, ça ne regarde qu'elles ...